Joueur le plus prolifique de l’Olympique Lyonnais depuis le début de la saison avec 4 buts et 3 passes décisives en 8 matchs de championnats, Mateus Tetê a vécu des moments très douloureux au cours de sa vie et à l’âge de 22 ans, le Brésilien a déjà connu de nombreux épisodes traumatisants. Le dernier en date, la guerre entre la Russie de l’envahisseur Vladimir Poutine et l’Ukraine. Le numéro 11 de l’OL est revenu sur les éléments d’une déjà bien vie remplie lors d’un long entretien accordé à ‘l’Equipe.’
Celui que l’on surnomme Furacão (ouragan en Portugais) a déjà fait vibrer et lever des foules au Groupama Stadium et il ne devrait pas s’arrêter de si-tôt. Prêté par le Shakhtar Donetsk à l’OL en janvier dernier pour la deuxième partie de saison, Mateus Tetê est finalement resté au club pour l’exercice 2022-2023 et les dirigeants lyonnais ont réussi à prolonger ce prêt d’une saison supplémentaire. Pourtant, l’avenir du natif d’Alvorada (sud-est du Brésil) aurait dû être totalement différent, lui qui a débarqué à l’Est de l’Ukraine en provenance du Gremio Porto Alegre au Brésil le 28 juin 2019 contre la somme de 15 millions d’euros.
Après une saison aboutie sous le maillot du Shakhtar et des stats intéressantes de 31 buts et 15 passes décisives en 108 matchs disputés sous la tunique orange, le Brésilien a été contraint de fuir le pays suite à l’attaque de la Russie de Poutine contre l’Ukraine. Un passage sur lequel il est revenu avec forcément beaucoup d’émotions. « L’invasion en Ukraine, c’était très compliqué. C’est arrivé au petit matin. On n’a pas réfléchi longtemps avec ma femme. On a pris la voiture avec quelques affaires et on est partis vers la Pologne. À la frontière, on a mis vingt-deux heures pour faire les deux derniers kilomètres. Il y avait beaucoup, beaucoup de monde. Mais on y est arrivés et on était soulagés. On a pris un hôtel, j’ai pris un abonnement dans une salle de sport pour m’entraîner. Ça a duré deux mois ». Confie l’ancien pensionnaire du Gremio.
De la pauvreté d’Alvorada au ballon rond
Agé de 22 ans, Mateus Tetê dit Furacão a également tenu à donner un coup de pouce à sa manière aux Ukrainiens lorsqu’il évoluait encore ou se trouvait au pays. Riche de son expérience et très reconnaissant envers le pays qui l’a accueilli, il a soutenu en compagnie de sa femme les habitants de Donetsk en apportant une aide financière importante. « Comme j’ai une bonne condition financière, j’ai pu aider avec ma femme beaucoup de réfugiés ukrainiens qui arrivaient en Pologne, poursuit le joueur. Je faisais des paniers alimentaires, avec tous les produits de base et pour les besoins essentiels, et je les donnais aux gens qui arrivaient. On voyait débarquer tellement de gens… Certains avaient traversé le pays et n’avaient plus rien car ils avaient tout abandonné. C’était normal de les aider. » Poursuit le Lyonnais. Pour lui, aider les gens n’est pas une obligation mais un devoir important.
Mateus Cardoso Lemos Martins de son vrai nom est revenu sur ses propres conditions de vie au Brésil lui qui a grandi dans les favelas d’Alvorada et qui a toujours dû se battre pour s’en sortir. « On a eu beaucoup, beaucoup de difficultés quand j’étais enfant. On vivait dans une toute petite ville à côté de Porto Alegre. Souvent, mes parents ne mangeaient pas pour que moi je mange et que je puisse m’entraîner. J’avais beaucoup de tentation de faire le mal autour de moi. Mes copains d’enfance ont pris la mauvaise route et j’aurais pu être comme eux. Mais heureusement le football était là. Pablo, mon agent, m’a connu à 8 ans et il m’a mis au Grêmio. Ça m’a sauvé car j’ai défini très tôt que je voulais être professionnel. » Après cet épisode de sa vie, le Brésilien n’a pas rencontré la moindre difficulté pour adaptation en Ukraine, dans un pays connu pour son climat extrême surtout au cours de la période hivernale.
« Ce n’était pas si difficile que ça car j’aime parler aux gens, déjà. Et j’y allais pour ce que j’aime, jouer au foot. C’est sûr que c’est complètement différent là-bas. Mais je suis un Brésilien spécial, j’aime le froid ! (Rires.) J’adore la sensation d’avoir froid, je préfère ça que la chaleur. Quand je suis arrivé, le premier soir, il faisait -18°C et j’ai dormi toute la nuit avec la fenêtre ouverte. Tout le monde rigolait. » Se rappelle l’ailier auriverde.
« Je veux ce contrat avec l’OL »
Au même moment de cet entretien, le numéro 11 des Gones a tenu à montrer toute sa reconnaissance envers le club lyonnais qui lui a offert une opportunité exceptionnelle de retrouver son meilleur ami le ballon rond. Justement avant son arrivée dans le Rhône, il n’avait plus touché un ballon depuis de nombreux mois et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a très vite retrouvé les joies du football. « C’est allé vite. Je venais de passer plusieurs semaines sans dribbler personne, sans même toucher un ballon ! La première fois que j’ai retouché à un ballon, c’était ici à Lyon, au stade, et j’ai marqué tout de suite contre Angers (Rires.) J’étais trop heureux à ce moment-là. » Enchaîne-t-il.
Enfin le sud-américain n’a pas froid aux yeux et même si son prêt se termine en fin de saison, il ambitionne de rester encore quelques temps au club et souhaite un nouveau bail longue durée. « Je veux ce contrat, je l’ai déjà dit et je le redis : je veux rester ici. Tous les gens autour de moi doivent travailler pour trouver un accord pour que je puisse m’engager définitivement à l’OL. C’est mon objectif. » Termine l’ancien ailier du Shakhtar Donetsk. Dimanche l’OL comptera sur lui pour ramener une victoire précieuse de son déplacement sur la pelouse de Bollaert face au RC Lens pour le retour de la Ligue 1…
