Recruté par l’Olympique Lyonnais cet hiver en provenance de La Gantoise dans le championnat belge contre la somme de 12 millions d’euros, Girf Orban commence petit à petit à trouver son rythme. L’avant-centre international nigérian tente de faire son trou même s’il se heurte à une nouvelle culture, une nouvelle langue et un autre niveau en terme de football. Peu importe, le natif de Benue est prêt à relever le défi OL.
Débarqué dans le sud est de la France il y a seulement quelques mois, le buteur de 21 ans possède un caractère bien trempé. Une mentalité de guerrier qui fait aujourd’hui sa force et qui pourrait bien l’amener très loin dans le futur. Au cours d’un long entretien accordé à notre confrère de ‘l’Equipe’ Hugo Guillemet, l’ancien goleador de La Gantoise a accepté de revenir sur son passé et son enfance difficile dans les rues pauvres de Benue au Nigéria. « Avant d’arriver à 19 ans à Stabaek en Norvège ma vie était… très compliquée. Si tu es pauvre en France, l’État peut t’aider. En Afrique, personne ne te donnera rien et tu vas mourir de faim. C’est pour ça qu’on veut tous jouer au football. Là où j’ai grandi, dans une famille qui n’a pas de moyen la vie est impossible. C’est ce qui me donne la détermination, je ne veux jamais revivre ça. Il fallait trouver des choses à manger, tous les jours. Maintenant, je veux réussir dans ma vie pour aider. Pas seulement ma famille, ça c’est déjà le cas et c’est évident, mais je veux aider tous les pauvres, les orphelins, qui ont la vie que j’ai eue, même pire. » S’exprime-t-il.
Une vie et un passé qui peuvent expliquer sa manière de penser et son attitude parfois particulière, surtout vis-à-vis du grand public. « Les gens ne me connaissent pas mais c’est moi. Je dis ce que je pense, je dis la vérité. Si tu me fais quelque chose qui ne me plaît pas, je ne vais rien faire par derrière mais je vais venir te voir devant, je ne suis pas hypocrite. Je suis franc et je n’ai de problèmes avec personne ici. J’essaie d’être sympa avec tout le monde, venir à l’entraînement et partager ma joie avec mes coéquipiers. Si tu me vois de loin, tu vas dire que je suis bizarre. Mais si tu t’approches de moi, tu vas voir que je suis simple et respectueux. J’ai ce truc en moi, il faut juste me connaître. Comme je l’ai dit, j’ai vécu des choses dans ma vie qui m’ont faites devenir comme ça et je suis entier. Je n’ai peur de rien. » Poursuit celui qui est également au cœur d’un imbroglio avec le Togo de part la nationalité de sa mère.
Se battre pour l’OL
Discret au cours de la première partie de saison avec La Gantoise, Orban a pourtant crevé l’écran l’année dernière en Belgique et c’est là-bas qu’il est parvenu à se faire un nom. Obnubilé par le but, il a gravit les échelons un par un et sa soif de marquer paraît infinie. « Quand j’étais gamin, mon seul problème était que le ballon rentre dans le but. Même quand le ballon était dans mon camp, je pouvais tirer si je voyais le gardien mal placé et je voulais que ça rentre direct. Si on me disait de faire 10 passes avant d’aller marquer, je préférais y aller directement. J’ai ce truc-là dans le sang car mes buts m’ont sauvé et ils ont changé ma vie. J’ai marqué des buts car je voulais m’en sortir et j’ai quitté l’Afrique grâce à ça. » Enchaîne le buteur rhodanien.
Surveillé par plusieurs clubs comme le LOSC, Newcastle ou encore Chelsea, le Nigérian a finalement opté pour l’OL et il ne regrette pas ce choix. « Quand je suis arrivé ici, je savais qu’il fallait être patient, même si je ne suis pas vraiment quelqu’un comme ça. Je veux joueur le plus possible mais fur et à mesure j’ai compris que je devais être patient et que mon heure allait venir. Alors même si le coach me fait joueur 10 à 15 minutes, je ferais tout pour aider l’équipe. Après jouer avec une légende comme Alexandre Lacazette, c’est incroyable. On taquine, il le sait ! On rigole beaucoup et il y a du respect entre nous. C’est une grande légende qui peut me montrer beaucoup de choses pour évoluer dans ma carrière et dans ma vie. Je suis content car il m’a très bien accueilli, comme tout le monde ici. »
Un tempérament de feu
Même s’il porte les couleurs de l’OL depuis moins de 4 mois, Gift Emmanuel Orban de son nom complet apporte une grinta et un supplément d’âme à cet OL. Sous Pierre Sage, même s’il a peu joué avec 8 matchs de Ligue 1, 2 de Coupe de France pour un but, l’international nigérian montre qu’il n’est pas ici pour plaisanter et cette attitude semble parfaitement coller avec la mentalité des fans qui voient en lui, un futur leader ou plus exactement meneur d’hommes. « Quand tu as un caractère chaud et déterminé, il faut savoir le gérer. J’essaie de canaliser mon énergie, c’est important. Il faut aussi avoir un bon comportement, partout où tu passes et il faut surtout s’adapter quand tu arrives quelque part.
Petite anecdote, moi j’aime la bonne musique nigériane comme Burna Boy. Quand je suis arrivé dans le vestiaire, il y avait de la musique française, des trucs avec des « wesh. » Ce n’est pas mon truc mais pour le groupe, j’accepte qu’ils mettent ça. Et ma musique je l’écoute chez moi. Le plus important, c’est le club avant tout et mes coéquipiers avant moi. Voilà comment je vois les choses. » Termine Gift Orban bien décidé à apporter sa pierre à l’édifice et pourquoi garnir un peu plus l’armoire à trophées avec une Coupe de France dans les prochains mois…
